C’est déjà la fin du deuxième mois de l’été et la grosse chaleur est
arrivée, nous avons, en Provence, étés épargnés par la sécheresse, mais
comble de malchance c’est par de violents orages que des arboriculteurs
et maraîchers de Vaucluse ont été touchés, alors que déjà, pour beaucoup
d’entre eux, la situation était difficile.
Une politique de soutien aux agricultures locales, de rapprochements
entre paysans et habitants, d’adaptation des cultures aux sols, aux
climats, aux ressources, aux besoins vitaux des populations s’avèrera de
plus en plus important dans le contexte de crises financière et
humanitaires à répétition.
Travaux et récoltes
A la ferme le travail s’est intensifié depuis le mois de mai, avec
les binages, arrosages, cueillettes (celles des fraises et haricots
verts sont les plus longues), plantations pour l’automne et l’hiver :
choux, fenouils, betteraves, poireaux, semis de carottes…désherbages….
Au début du mois août nous avons récolté les pommes de terre d’hiver.
A ce propos, un petit rappel : merci de penser à nous rapporter les
caisses en plastique ou en bois, dans lesquelles nous stockons ces
dernières ; chaque année, il nous en manque plus d’une centaine, à tel
point que nous songeons à les consigner…
La récolte des haricots verts a été bonne, celle des pastèques et
melons canari aussi et, après le vol des premiers melons et aubergines,
tout est rentré dans l’ordre. Le « panier* » est semblable aux années
précédentes, excepté le basilic et le persil qui font parfois défaut
actuellement; l’essai de conduite avec paillage naturel de ces aromates
n’est pas (encore) concluant. Le paillage naturel permet de conserver
une meilleure structure des sols et l’humidité, mais provoque parfois
une ‘faim’ ponctuelle d’azote pour les plantes non pérennes.
La deuxième série de courgettes n’a pas donné autant que d’habitude,
le choix variétal (uniquement des variétés non hybrides F1) n’a pas
donné un gros rendement, il en manque donc parfois. Nous tentons de
faire évoluer nos pratiques mais parfois les essais (limités pour ne pas
rompre la qualité globale des distributions) ne sont pas concluants.
Les artichauts, eux, conduits cette année sur paillage (notre paille de
blé), comme les cardes avant eux, sont prometteurs. Nous espérons que
vous les apprécierez plus que celles-ci !
*Comme nous l’avons déjà évoqué, nous essayons de ne plus utiliser ce
mot de « panier » qui est devenu aujourd’hui un concept de service,
très développé sous de nombreuses formes, mais de parler de la récolte,
qui vous est vendue et distribuée, de façon équitable.
Les AMAP ont dix ans
Le 18 juin dernier une réunion des paysans en AMAP des secteurs Pays
d’Aix et Portes du Luberon a été organisée par Alliance Provence. Après
dix ans d’existence des AMAP, l’association constate que dans notre
région le nombre des adhésions ralentit, le renouvellement des contrats
est plus difficile, d’autre part certains agriculteurs peinent à honorer
les contrats, à fournir des légumes suffisamment diversifiés, ou sont
malgré tout en difficulté économique, ce qui décrédibilise les AMAP.
De nombreux jeunes souhaitent « s’installer en AMAP », alors qu’il
n’y a pas suffisamment de demandes de groupes d’habitants motivés et que
c’est un système particulièrement exigeant en terme de compétences.
L’offre de légumes biologiques, d’ici ou d’ailleurs, dont les prix
baissent, s’est développée ; magasins, espaces paysans, marchés, paniers
constituent maintenant une offre variée et large, accessible à tous
dans la proximité et plus souple que l’engagement avec des fermes.
Cependant l’éthique AMAP invite à faire prévaloir les logiques de
coopération aux logiques de concurrence, l’enjeu de la rencontre était
donc de favoriser une concertation entre producteurs, et de poser la
question : comment trouver une juste dynamique pour favoriser
l’essaimage du concept et son développement intelligent, le soutien aux
paysans qui s’installent ou qui bifurquent dans cette voie, parfois
combinée avec d’autres. Si les réponses ne sont pas évidentes, il semble
essentiel de veiller à ce que cette forme particulière de coopération
entre habitants et agriculteurs reste fondée sur la confiance, la
compréhension mutuelle et la conscience de ce que sous-tend le contrat :
l’engagement avec des fermes pour leur maintien en tant qu’espaces
d’agro écologie, de biodiversité et d’activité humaine. Le
fonctionnement des fermes, la question de l’alimentation et de ses
conséquences est donc au cœur du système. Des coopérations entre
plusieurs fermes peuvent peut être répondre aux complexités du système,
mais dans la limite des spécialisations qui ont fait les déséquilibres
actuels et sont contraires aux méthodes de l’agriculture biologique qui
exige des rotations.
Le contrat en AMAP permet de poser des questions et d’avoir des
éclairages que l’on ne retrouve pas dans d’autres formes de vente. C’est
sans doute en partie pour cela, et peut être pour sa dimension utopique
de changement des pratiques et du commerce autour du vivant, plus que
sur la question du coût et du contenu de « paniers » qu’il ne peut se
développer si facilement, peut être même n’est ce pas souhaitable tant
que les citoyens n’ont pas repris contact avec la terre nourricière ?
L’équipe, la vie de la ferme
Cet été nous avons embauché comme saisonniers Solange- notre fille
qui a remplacé Ana, enceinte- Yacine et Thomas ; Lauren, Kate et Eco
sont venus des Etats-Unis, d’Australie et de Belgique pour wwoofer.
Marlène, du lycée agricole de Valabre est venue en stage.
Et une petite Eloïssa, fille de notre fils Matthieu et d’Ana sa
femme, est née le 16 juillet… la cinquième de nos petits enfants ! Nous
lui souhaitons une belle vie, pleine de nature et de sourires….